VNE a participé le 29/10/2020 à un débat public sur la méthanisation à Vesoul, organisé par FNE-BFC.
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Visite le matin d’une exploitation à Meurcourt (70) pratiquant la méthanisation depuis 10 ans :
- 600ha – 7 personnes – 140 vaches allaitantes – un élevage de porcs et de volailles
- Ferme en bio ou conversion pour l’ensemble des activités.
- Autonomie de production pour les différentes activités.
Investissements
1.6M€ pour le 1er dont 400 000€ subventions
1.4 M€ pour le 2ème dont 200 000€ subventions
Tarifs rachat actuel : 21cts/kw/h garanti 20 ans
Retour sur investissement 5 à 7 ans
Approvisionnement du méthaniseur :
35 000t/an
60% fumiers et lisiers avec apport d’autres agriculteurs (qui récupèrent les digestats)
40% autres (résidus grilloteries Fougeroles – lactosérum – mais surtout ensilage inter-cultures : seigle – maïs – herbe).
Digestats :
Des digestats liquides + des digestats solides épandus par petites doses à plusieurs reprises pour booster cultures…(remplace engrais minéraux)
Cogénération
Production d’électricité : 50% mini des revenus de la ferme…
Valorisation chaleur : chauffage serres à spiruline – séchage luzerne – chauffages bâtiments
Consommation électricité : 35 000€/an
Une unité de petite dimension, économiquement équilibrée (mais grâce aux subventions et tarifs de rachat avantageux), avec un approvisionnement local et diversifié.
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L’après midi, accueil par la ville de Vesoul pour un débat avec les différents acteurs :
Agriculteurs(FDSEA et Conf’ paysanne) – chambre d’agriculture – associations (FNE BFC)
Des questions demeurent, sans réponse :
Qualité des digestats ? leur C/N ? leur impact à long terme sur la structure des sols.
Quel bilan énergétique global ?
Quel impact (azote) des épandages (fréquence – dosage – utilisation pour les intercultures) sur la ressource en eau ?
Quels impacts/tassement des sols ?
En Bourgogne Franche Comté les méthaniseurs se sont moins développés qu’en Grand Est et notamment dans les Vosges et en Lorraine : 64 en 2019 contre 124 et 44(88) e les perspectives de développement apparemment mieux maitrisées.
POSITIONNEMENT VNE / METHANISATION
Sur le procédé en lui-même qui consiste à produire du méthane, énergie alternative au gaz fossile, dans une perspective de diminution des émissions de GES et de valorisation des effluents agricoles et autres déchets organiques : pourquoi pas
mais à plusieurs conditions :
Que le bilan énergétique global et celui en terme d’émission de GES soient favorables
Que la transformation des matières organiques en digestats n’ait pas d’impacts négatifs sur la qualité des sols et de la ressource en eau
Que cela n’induise pas un développement intensif des cultures dédiées : herbe et céréales
Que cela n’entraîne pas de concurrence avec les autres usages (alimentation et élevage), ni de hausse du coût des fourrages et du foncier.
Que la filière soit économiquement équilibrée
Que l’implantation des unités soient précédées d’une concertation en amont avec les populations locales
Or il apparaît que le développement massif de la filière, notamment avec le soutien de GRDF pour le procédé injection, qui annonce 1000 unités d’ici 2050, s’accompagne de nombreuses dérives constatées par les fédérations de FNE dans bien des régions.
Ces dérives sont reconnues aujourd’hui par les services de l’Etat mais surtout par l’AERM (Agence de l’Eau Rhin Meuse) qui vient de tirer la sonnette d’alarme dans une note que nous publions.
En résumé :
- Développement des surfaces de maïs au détriment des prairies (non respect des 15% maximum en approvisionnement)
- Epandages inconsidérés des digestats entraînant une pollution des captages d’eau potable
- Des digestats qui peuvent déstructurer les sols
- Manque de contrôles réglementaires
Concernant les autres conditions que nous avançons, la confédération paysanne, dans une note, pointe du doigt les autres dérives qu’engendre le développement intensif industriel de la filière qui recherche avant tout une rentabilité financière, et vise à améliorer le revenu des agriculteurs par cette diversification plutôt que de revaloriser les pratiques d’élevage, notamment bio et extensives.
Face à ce constat inquiétant :
- VNE travaille actuellement à un positionnement grand est avec les autres partenaires : LNE(Lorraine) – CANE(Champagne Ardennes) – Alsace Nature
- attire l’attention de l’Etat, de l’ADEME, de la Région et des départements concernant ces dérives qui vont s’amplifier si le schéma régional biomasse est adopté en l’état avec ses objectifs de développement de la filière.